La dépendance affective comme identité
Bonjour,
Je suis Régine, membre de l’équipe du Blog Dépendance Affective.
J’ai 46 ans, je suis maman de 3 enfants, et j’ai été dépendante affective..
Je vois la dépendance affective comme un plat dont on ne m’aurait pas nourri et qui me faisait tellement envie: l’amour.
Je suis issue d’une famille dite classique: papa qui travaille, maman active également et un frère de 5 ans mon cadet. Des parents dont l’ambition était de devenir propriétaire, d’offrir des vacances aux enfants et que les dits enfants en retour soient de bons élèves.
Ils sont devenus propriétaires, nous partions mon frère et moi en colonie de vacances 3 fois par an et tous les trois ans deux mois aux Antilles dont sont originaires mes parents. Mon frère et moi étions également de bons élèves.
Objectifs atteints.
Sur le papier l’image était jolie, mais ils avaient oublié un objectif sur leur feuille de route: donner à leurs enfants une sécurité affective qui leur permettrait de grandir en se sentant invincibles car protégés de l’amour de leur parents.
Mes parents nous ont aimé, mais n’ont pas pris soin de remplir notre réservoir affectif.
Comment est ce possible me direz vous d’aimer sans remplir le réservoir affectif de la personne aimée?
En ne lui disant pas que vous l’aimez, en ne la félicitant pas pour ses victoires, en ne l’encourageant pas quand elle chute, en ne la regardant pas pour qui elle ou lui est mais pour ce que vous voudriez qu’elle soit. En étouffant toute possibilité de colère, de contestation ou même de joie et de fierté.
J’aime les plantes. Je les aime parce qu’elles me rappellent chaque jour que pour continuer d’être aussi belles qu’au premier jour, je dois en prendre soin. Pas seulement les arroser, mais les exposer à la bonne lumière, leur parler, nettoyer leurs feuilles délicatement, me réjouir quand une nouvelle pousse bourgeonne, et redoubler d’attention quand une feuille se meurt..
Voilà d’où vient ma dépendance. J’ai été nourri, éduquée, matériellement je n’ai manqué de rien. De l’extérieur j’étais une petite fille studieuse, gentille, calme, bien habillée, polie.
Mais à l’intérieur, quel chaos!! Un vide qui n’a fait que grandir au fur et à mesure que ma pointure de chaussures changeait..
Alors j’ai cherché à combler ce vide, d’abord avec des amitiés qui ne duraient pas. Evidemment j’étais trop en attente donc très vite déçue.
Puis avec des amours toxiques. A force de ne pas être regardée, estimée, considérée il devient « normal » que quelqu’un qui dit vous aimer ne vous regarde pas, ne vous estime pas et ne vous considère pas.
J’ai 46ans. Le chemin a été long jusqu’à moi. Mais aujourd’hui j’y suis. Je suis mon propre amour. Je m’aime, me considère. J’ai encore du mal à me regarder mais j’y travaille.
J’y travaille depuis des années, à travers des lectures, des rencontres des discussions mais surtout avec une psychologue qui me fait me poser les bonnes questions. Je me rends compte que j’ai toutes les réponses depuis longtemps. Je n’arrivais juste pas à les assumer.
La dépendance affective est délétère car elle affecte tous les champs de notre vie mais ce n’est pas une maladie. Enfant c’est un manque terrible, une sentiment de solitude, adulte elle peut devenir une identité si on ne se décide pas à faire le chemin jusqu’à Soi. Nous sommes responsables de qui nous voulons être. Responsables de nos choix et des conséquences qui en découlent.
Je suis membre de l’équipe de ce blog parce que le chemin parcouru jusqu’à moi a été semé d’embuches, et que je me sens légitime aujourd’hui pour aider, accompagner des personnes qui comme moi ont envie que cette dépendance ne soit plus une identité.
Au plaisir d’échanger, de vous lire.