Comme tout modèle, le modèle des styles d’attachement connaît plusieurs variantes. Et comme tout modèle, il sert surtout à prendre du recul en vue d’évoluer vers une situation plus favorable.
Les styles d’attachement se forment dans la toute petite enfance, en même temps que les blessures émotionnelles. Ils sont très fortement corrélés à nos attachements primaires, nos modèles relationnels rencontrés dans l’enfance.
Rappelons qu’il existe essentiellement 3 styles d’attachement principaux.
Par la suite, cet article utilisera parfois la référence à la mère comme archétype du pourvoyeur des soins primaires pour l’enfant, le français n’ayant pas de terme aussi adapté que l’anglais primary caregiver.
Remontons donc dans le temps, vers l’origine de vos styles d’attachement.
L'origines des styles d'attachement.
L'attachement sécure.
L’attachement sécure est directement corrélé à une mère disponible, qui prend plaisir à s’occuper de son enfant. Les réactions cohérentes et appropriées de la part de la mère induisent des réactions cohérentes et appropriées de la part de l’enfant. La relation mère-enfant est fluide. Sans excès d’indépendance ou de dépendance de part et d’autre.
La mère accueille les émotions de l’enfant et l’aide à les élaborer. Reconnu dans ses émotions, et entouré d’émotions stables et lisibles, le bébé se sent sécurisé. Il peut plus volontiers explorer le monde et les relations. Lors d’une brève séparation, l’enfant en bas âge manifeste un manque (pleure et appelle sa mère), manque qu’il arrive à surmonter rapidement – notamment grâce à sa construction de la permanence de l’objet (la mère n’est plus là physiquement mais le bébé conserve sa présence émotionnellement).
Ce même enfant sécure manifeste une joie au retour de sa référente émotionnelle. Rapidement et profondément rassuré dès la reconnexion physique, ce bébé peut retourner tranquillement à ses jeux. Vers ses 6 ans, ce même enfant se montrera peu affecté par la séparation d’une heure avec ses parents. Il les accueillera calmement et avec plaisir à leur retour, et les associera volontiers à son activité en cours.
Une origine précoce.
Il semble donc qu’un attachement sécure trouve son origine très tôt et permette un développement ultérieur serein de l’enfant.
A plus long terme, un attachement sécure permet une meilleure flexibilité intellectuelle, une meilleure acceptation de la contradiction et une compréhension de l’importance de l’attachement. Un ancien enfant « attaché sécure » pourra ultérieurement produire un récit cohérent de son enfance et de sa relation avec ses parents.
Les autres types d’attachement se construisent sur ce qu’on appelle aussi un trauma développemental. Un manque de connexion qui crée un tel trauma émotionnel et psychique que le développement de l’enfant sera perturbé.
L'attachement anxieux.
L’attachement anxieux se fonde sur des comportements parentaux incohérents, alternant négligence ou désintérêt avec surprotection ou hypervigilance. Peinant à être reconnu comme un individu en construction, l’enfant ne sera pas accompagné dans l’élaboration de ses émotions. Il pourra tenter des stratégies coercitives de maintien du lien.
Il vivra mal les séparations avec sa mère, mais le retour de cette dernière aura peu d’effet d’apaisement. Le manque de confiance en l’autre et en soi conduit à un comportement alternant séduction et plaintes. Cela préfigurant peut-être d’une tendance à la victimisation. Ultérieurement, il lui sera difficile de produire un récit cohérent de son enfance.
L'attachement évitant.
L’attachement évitant est marqué par un évitement par l’enfant de ses états émotionnels qui ne sont pas reconnus et traités en tant que tels. Par ailleurs, l’enfant pouvant redouter des réactions négatives de sa figure d’attachement, il inhibera ses manifestations affectives.
Très petit, il montre une certaine indifférence à la séparation avec sa mère et une même indifférence lors des retrouvailles avec celle-ci. Dans ce modèle d’attachement, le raisonnement est privilégié, au détriment des affects. Ainsi, détaché et hyper-vigilant à la fois, l’enfant évitant en construction s’assure de ne courir aucun risque de rejet ni de réaction inattendue de son entourage.
Dès 6 ans, il élude les conversations, répond de façon évasive ou minimaliste. Ultérieurement, il pourra produire une image positive de son enfance, mais sans pouvoir donner de détail ni faire de lien avec ses difficultés relationnelles d’adulte. Il peut se revendiquer comme n’ayant besoin de personne et nier l’importance des liens.
Et maintenant, que faire après avoir découvert les styles d'attachement ?
Les modalités relationnelles à l’âge adulte semblent trouver leur origine dans le vécu de l’enfant lors de ses premiers attachements. Pour celui qui est en mode sécure, il est fort à parier que les relations fluides continuent d’être sa réalité quotidienne, et ce modèle ici décrit peut lui être surtout utile pour décoder certaines réactions d’autrui pouvant à première vue le surprendre.
Quant aux profils anxieux ou évitants, la volonté d’évoluer dépendra du degré d’inconfort éprouvé dans les relations adultes. Quelle que soit la modalité thérapeutique choisie, il convient de revisiter l’enfance. Cela pour activer une résilience et une lucidité nécessaires à la reconfiguration du mode relationnel. Deux axes me semblent à privilégier : le re-parenting et le reframing.
Le re-parenting et les styles d'attachement.
Le re-parenting, consiste à offrir à notre enfant intérieur – la part enfant toujours en souffrance en nous du fait de ces styles d’attachement insécures – ce dont il a besoin sur le plan émotionnel. En bref, soyons pour nous-mêmes le parent dont nous aurions eu besoin pour nous sentir émotionnellement en sécurité.
Ce re-parenting va aussi nous permettre de développer les parts de nous qui n’avaient pas pu se développer pendant l’enfance, et de nous re-définir comme individu. Une sorte de maturation psychique et émotionnelle différée.
Le reframing et les styles d'attachement.
Le reframing consiste à changer notre perception du trauma vécu dans le passé. Même s’il peut être parfois inconfortable de découvrir de nouveaux aspects d’une situation, notamment des bénéfices secondaires que nous avions à rester dans un schéma toxique. Ce changement de perspective est profondément libérateur en ce sens qu’il contribue à quitter la posture de victime et à retrouver son pouvoir personnel. Cela permet aussi de faire la paix avec son passé, étape nécessaire pour aller de l’avant.
Les outils thérapeutiques peuvent être la PNL, l’hypnose avec régression en âge, l’EFT, le coaching. Une approche holistique apportera un résultat plus profond. Le facteur clé, c’est surtout la qualité de la relation thérapeutique. N’hésitez pas à consulter un deuxième thérapeute si le courant ne passe pas avec le premier. On ne saurait être le thérapeute adéquat pour chacun.